Quelle journée palpitante dis donc. Révisions, ventes. Voilà mon programme. Avant d'ouvrir la boutique, à partir de quatre heure, j'étais sur ma planche surfant les première vague de la journée. Ils avaient prévus de belles vagues et j'en ai été très satisfaite. Demain, c'est repos, je pourrais enfin dormir jusqu'à dix heures. Je ferme les yeux alors que le vent vient caresser mon visage. Dieu que c'est agréable. J'y suis retournée, après la fermeture, ma planche m'attendait sagement dans l'arrière boutique, je l'ai emmenée profiter de la soirée. La nuit est déjà tombée et aucun surfeur n'est là. J'attrape mon sac pour en sortir mon téléphone. Minuit et quelques. Je me lève, la planche sous le bras et le sac sur l'autre épaule. Il serait temps de rentrer et manger un bout. Le trajet est court et j'ai tellement l'habitude de le faire que je ne me rends pas compte d'être déjà arrivée. Il n'y personne, Kaipo n'est pas encore là. A moins qu'il soit dans sa chambre. Enfin, je m'en fiche. Après avoir largué mon sac dans ma chambre, je vais chercher un truc à grignoter. Et c'est une banane qui se transforme en victime. Sucrée comme je les aime, je la déguste en contemplant la maison. L'odeur du bois est rassurante, douce, et me rappelle la maison de mes parents. Je me lève, une douche rapide et au lit. La douche me procure une grande sensation de fraîcheur, dans le même genre que celle qu'offre l'océan, mais différente, moins intense. J'enfile des sous-vêtements propres et file sous la couverture. Le sommeil ne tarde pas à m'attraper.

« Keawea .. » Les paroles se mélangent à mon rêve mais me paraissent tellement réelles. Mon sommeil est si paisible, si doux, j'aimerais qu'ils ne finissent jamais. Je ne bouge pas, de peur de changer la donne, de peur de m'éveiller et de me trouver nez à nez à la pénombre de ma chambre. Non, je n'ai pas peur du noir. Enfin, seulement de temps en temps. Le changement d'atmosphère me fait plus peur qu'atre chose. « Keawea.. Ma Kea d'amour ? .. » Qui ose perturber mon rêve de vague gigantesque comme celle de Jaws. Mais étant donné que je ne suis pas une big wave rider, mon rêve n'a vraiment rien de réaliste. Un contact sur mon front finit de me me sortir de mes rêveries. Cependant, ouvrir les yeux est encore difficile et je prends lentement conscience que l'on vient de m'embrasser le front. Quelqu'un est ici. Mon coeur s'accélère, et si c'était un violeur ? Je n'ose pas encore ouvrir les yeux. « Réveille toi s'il te plait j'arrive pas à dormir.. J'aimerais que tu m'aides pour quelque chose... » Cette voix m'est connue. Rassurée, je souris avant d'ouvrir les yeux. Kaipo. Je le découvre, souriant, me fixant, allongé à mes côtés. La douceur dont il fait preuve à cet instant ne m'est plus vraiment familière venant de lui. J'ai prit l'habitude de la tension, de la tentation, de son sourire charmeur et quand même un peu pervers. J'ai perdu l'habitude de voir son sourire doux, affectueux. Je cligne des yeux pour me convaincre que cela est réel. Puis j'analyse la situation. Il est couché dans mon lit, me suppliant de me réveiller, je suis en sous-vêtement pas vraiment consciente. C'est dingue ça. Heureusement que je ne suis pas vraiment pudique. Je m'étire. J'aimerais râler, le faire dégager mais je suis définitivement de bonne humeur. Il doit être tôt, le jour n'est pas encore levé. Je souris toujours. « En quoi puis-je t'aider ? » Je crois que personne n'aime se réveiller face à quelqu'un qui lui demande un service. Je me redresse pour m'appuyer sur un coude et je me penche pour déposer un baiser sur sa joue. « Enfin. Il est quelle heure ? » Je le fixe, sans perdre mon sourire. Je n'aime pas cette bonne humeur soudaine. Je la déteste.