I'm in love and she feels the same, and we are meant to be. I can see it in your eyes, it sparkles eveywhere. You're so afraid to lose me. No one can come between us. We're just two souls with one connection. We are meant to be.

Je me retournais encore et encore dans mon lit, cherchant le sommeil. Mais c'était mission impossible. Je jetais un regard au réveil : 6H. Je soupirais. Ca faisait bien deux heures que j'étais réveillée, si on pouvait appeler dormir ce que j'avais fais jusque-là. Je jetais un coup d'oeil à Sloan, qui dormait à mes côtés. Il était tellement beau et paraissait tellement paisible. Ca faisait du bien de le voir comme ça. Ces derniers temps, j'avais le droit à des froncements de sourcils et des traits tirés par la fatigue et la frustration. Pas vraiment l'homme joyeux et expressif que j'avais rencontré et dont j'étais tombée amoureuse. Mais je ne le blâmais pas. Après tout, je le poussais à être comme ça. Je devrais commencer à prendre sur moi et à être plus cool avec lui. Il fallait juste un peu de travail de ma part pour que l'on reparte comme en quarante. Mais au fond de moi, je savais que rien ne serait plus jamais pareil. Je soupirais et détachais mon regard de son visage angélique avant de me ôter des draps doucement, afin de ne pas réveiller Sloan. Sur la pointe des pieds, j'enfilais un jean et un sweat-shirt qui lui appartenait, et sortis délicatement de la pièce. J'enfilais les premières chaussures sur lesquelles je tombais et attachais mes cheveux emmêlés en un chignon négligé. Je ne pris même pas la peine de me regarder dans le miroir avant de sortir de la maison. J'avais l'air négligée, sûrement, mais ça avait un certain charme, n'est-ce pas ?

L'air était frais alors que le soleil se levait lentement depuis une bonne heure déjà. Croisant les bras sur ma poitrine afin de trouver la chaleur dont j'avais besoin dans le pull que je portais, je marchais dans les rues encore désertes d'Oahu, à l'exception de quelques passants. Je relevais la tête pour m'apercevoir que j'étais arrivée à la plage. Je n'avais pas de but précis, mais maintenant que j'étais là, ça ferait l'affaire. Je pris mes chaussures à la main et laissa mes pieds s'enfoncer dans le sable encore frais de la nuit, qui ne tarderait pas à se réchauffer avec les premiers rayons de soleil. Alors que je marchais les pieds dans l'eau, comme j'aimais le faire quand quelque chose me tracassait, je crus apercevoir une silhouette familière au loin. Je fermais les yeux et secouais la tête. Ca faisait quelques jours que je le voyais partout, et pourtant, impossible de retrouver sa trace. J'avais clairement des hallucinations, ou c'était ce que j'essayais de me dire. Mais à mesure que la silhouette approchait, je commençais à me dire que ce ne serait pas si impossible que ce soit lui. Alors, la peur me prit au ventre. Une bonne peur cela dit. Je m'étais tellement persuadée que je ne le reverrais jamais que je n'avais pas réfléchi à la possibilité que cela arrive. Pourtant, quand j'eus confirmation qu'il s'agissait bien du mystérieux inconnu qui occupait mes pensées jour et nuit depuis un an, cette peur s'évanouit dans les airs, comme si l'avoir à mes côtés était la chose la plus naturelle et la plus évidente au monde. Une fois qu'il fut en face de moi, un sourire se construisit sur mon visage. « Salut. » me contentais-je de murmurer.

Il y a ton sourire qui s'élève. C’est comme une lueur d’espoir. Il y a l’ombre et la lumière. Au milieu notre trajectoire. Il fallait choisir une route. Alors on a choisi la pluie. Acide à s’en brûler le cœur. Pourvu que planent les esprits. Il y a tes yeux qui me tuent. Quand tu me dis que c’est fini. Il y a le vent de nos sanglots. Qui souffle pour une amnistie. Mais rien n’arrêtera la lutte. Rien ne séchera cette pluie. Non rien ne finira la chute. Car rien ne finit l’infini.

La plage était sûrement mon endroit préféré. Pour une habitante d'Hawaii, cette affirmation est plutôt banale. Mais j'y trouvais une certaine paix. Cela faisait des années que je me réfugiais sur le sable brûlant, souvent en soirée, pour trouver le calme intérieur dont j'avais besoin. Je n'étais pas une fille stressée ou angoissée dans la vie, mais comme tout être humain, il m'arrivait parfois d'avoir des problèmes qui me tracassaient. Au lieu de foncer tout droit et de faire une chose irréfléchie que je regretterais plus tard, je venais soumettre la situation à l'ambiance calme et reposante des vagues qui s'écrasaient près de mes pieds. J'y passais des heures, parfois pour réfléchir, mais parfois pour échapper à la dure réalité de la vie et juste oublier pendant quelques instants. Ces moments, je les appréciais énormément, et ils étaient nombreux. Je pense que c'est eux qui me font tenir. Dès que l'ambiance relaxante de la plage m'envahit, c'est comme si rien ne pouvait m'atteindre, et je peux juste me permettre d'être moi-même. Mais ces derniers temps, la plage avait une signification toute autre. C'était plus qu'un simple endroit que j'appréciais pour être au calme. Elle était le symbole d'une nuit parfaite partagée avec un inconnu, dont j'ignorais le nom, jusqu'à récemment. Abel. J'avais imaginé un tas de possibilité, mais Abel ne faisait pas partie d'entre elles. Ca lui allait bien. Il n'était plus un parfait inconnu désormais. Je ne savais pas encore si c'était une bonne chose ou non. Je savais que les jours à suivre seraient durs par rapport à Sloan. J'étais coincée, et pourtant, quand le visage d'Abel m'apparut ce matin-là, je ne ressentais plus aucune culpabilité ou angoisse. C'est comme si tout s'arrêtait lorsque j'étais en sa présence. Comme si le monde s'arrêtait de tourner. Mais mon sourire s'effaça aussi vite qu'il était apparu. Il n'avait pas du tout la même expression que moi. « Une simple marque de politesse à un inconnu c’est mieux qu’un prénom on dirait. » se contenta-t-il de murmurer, me tournant le dos. Fronçant les sourcils, je le suivis du regard alors qu'il continuait à avancer. J'aurais dû répondre quelque chose pour le faire s'arrêter, mais rien ne sortit. C'était loin d'être mon genre. Puis il se retourna, une capuche recouvrant toujours sa tête. Je cherchais une quelconque connexion dans ses yeux, mais ce n'était plus pareil depuis qu'on avait compris ce qui nous attendait. Sloan était mon petit ami, et l'ami d'Abel. On ne pouvait pas continuer comme ça. Pourtant, le souvenir de cette nuit revint à la surface, et un sourire s'empara à nouveau de moi. C'était impossible de ne pas être heureuse alors qu'il était tout près de moi. Je m'approchais un peu plus de lui et lui tendis une main. « Kelsey, enchantée. » J'arquais un sourcil taquin, attendant qu'il joue le jeu. Mais je ne connaissais rien d'Abel, finalement. J'étais du genre à vouloir arranger les choses, à les prendre dans le bon sens. Peut-être qu'il n'était pas de ce genre. Peut-être qu'il prenait tout cela beaucoup plus sérieusement que moi. Mais je l'avais retrouvé, après un an d'obsession. Je ne voulais pas penser aux conséquences de nos actes, juste profiter du voyage. Parce que quelque chose d'inexplicable m'attirait à lui, quelque chose contre lequel je ne pouvais pas lutter.

How's your life, it's been a while. God it's good to see you smile. I see you reaching for your keys. Looking for a reason not to leave.

Le karma. Je n'y avais jamais vraiment cru. J'avais pour habitude de croire que ce que je voyais. Pourtant, était-il possible que nous soyons punis de nos actes ? Que nos erreurs du passé refassent surface ? Je ne considérais pas cette nuit-là comme une erreur. Elle avait été la meilleure de toute ma vie, et je donnerais tout pour la revivre une nouvelle fois. Mais j'avais trompé Sloan, l'homme avec qui j'étais censée faire ma vie, l'homme qui m'aimait et qui était prêt à tout pour moi. Je l'avais trahi. Je ne pensais pas revoir le mystérieux garçon de la plage, alors la culpabilité ne m'avait pas envahi. Mais voilà qu'il était de retour, et qu'il était ami avec Sloan. C'était comme si le destin voulait me punir d'avoir mal agi. J'étais coincée, rien de ce que je pourrais dire ou faire ne pourrait m'aider. J'étais attiré par Abel comme un aimant. Je ne le connaissais que trop peu, et pourtant, c'était comme si je le connaissais depuis toujours, comme s'il était le seul à réellement me comprendre. J'ignorais que l'on pouvait ressentir un sentiment aussi fort pour une personne que l'on a vu qu'une seule fois. Ce que nous partagions était inexplicable, et personne ne pourrait le comprendre. Ce tout était destructeur. Quoi que je fasse, quelqu'un souffrirait. Si ce n'était pas moi ou Abel, ce serait Sloan. Mais qu'importe la conséquence de mes actes, qu'importe ce qui se passerait par la suite. J'avais enfin une occasion d'être seule avec Abel. Vu l'heure qu'il était, il était peu probable que quelqu'un nous surprenne sur cette immense étendue de sable. « Jouer le jeu hein ? Désolé Kat mais j’ai un peu de mal. » Quand il prononça le nom Kat, mon pouls se mit à s'accélérer. Mais je ne devais rien laisser paraître. J'étais habituée à cacher ce que je ressentais réellement, et à prendre tout à la légère. C'était peut-être un comportement de lâche, mais tant pis. Je ne me démontais pas à ses paroles et laissais ma main tendue vers lui, ne lâchant pas son regard. Soudain, sa main s'accrocha à la mienne, et je la serrais involontairement, savourant sa peau caressant la mienne. Un léger frisson me parcourut. « Avoir ton amitié ou ne rien avoir, je préfère garder avec cette relation amicale plutôt que de tout perdre. » Je fronçais très légèrement les sourcils. J'aurais pu prendre ses mots à lettre et croire qu'il était vraiment prêt à tout abandonner entre nous pour préserver Sloan. Mais quelque chose ne coordonnait pas. Sa voix ne suivait pas ses mots. Je gardais mon regard dans le sien, un silence s'installant, avec pour seul fond sonore le doux bruit familier des vagues s'écrasant sur le sable à peine réchauffé en ce début de matinée. Soudain, un aboiement se fit entendre, et me fit légèrement sursauter. Je dérivais le regard, mal à l'aise, quand Abel se baissa pour relancer le bout de bois afin que son chien aille le rechercher. Je le suivis du regard quand il me contourna pour se mettre dos à moi. Je l'observais en silence pendant quelques instants. « Tu peux prétendre le contraire mais tu sais aussi bien que moi qu'il y a un truc entre nous, quelque chose qui nous dépasse totalement. » J'étais en plein dans cette relation, j'aurais dû être celle qui saurait l'expliquer. Mais je ne le pouvais pas. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait, ce qui nous arrivait. Tout ce que je savais, c'est que je le voulais, lui. « Le mal est déjà fait. Quitte à aller en enfer, autant en profiter. » Je m'avançais derrière lui et lui prit sa main, lui faisant comprendre qu'il devait se retourner. Ca ne me ressemblait pas, d'agir comme cela dans le dos de Sloan. Mais c'était comme si je ne pouvais pas me contrôler. C'est mes sentiments qui me contrôlaient à ma place.

I seem to forget how easy I fall out. I'm not yours and you're not mine. I can't afford to. I have to avoid you. But you come to me at night.

Je n'avais jamais voulu quelqu'un aussi fort. C'était comme si Abel représentait tout pour moi, comme si l'avoir auprès de moi était un besoin. Juste quelques petites secondes, je ne demandais que ça. Etre sienne pendant un temps, même infime. Retrouver cette sensation d'antan. Me sentir spéciale, me sentir vivre. Je ne demandais pas la lune. Juste la continuité d'une nuit magnifique. Et juste un regard de sa part, qui changerait tout. Je n'attendais qu'un signe pour me jeter dans ses bras. Mais je ne comprenais pas son attitude. En fait, si, je la comprenais au fond, mais elle me faisait peur. Il avait la bonne attitude à avoir. Pas par rapport à moi, mais par rapport à Sloan. Une attitude raisonnable. Je devrais faire taire mon coeur et mon corps. J'aurais dû abandonner depuis bien longtemps. Mais j'en étais incapable. Et plus Abel me résistait, plus j'allais insister. Je fonctionnais ainsi. Et j'étais tout à fait consciente que si je laissais passer, je le regretterais toute ma vie. « Oh oui je le sais, même mieux que je ne le voudrais. » Je n'étais donc pas folle. Quelque chose se tramait, et nous n'étions pas capables de se battre contre ça. Peu importe combien de temps on mettra à le réaliser, l'évidence est là, et on la découvrira bien assez tôt. C'était tout simplement inévitable. Glissant ma main dans la sienne, j'appréciais sa légère pression. C'était inexplicablement intense. Chaque contact avec sa peau me faisait frissonner, chaque murmure ou chaque regard me faisait tomber un peu plus pour lui. Quelques minutes après, je redécouvris son visage quand il daigna enfin se retourner. « L’enfer, hein ? Non je ne dirais pas cela, mais plutôt une tentation à laquelle il est dure de résister. » Cela me fit rire légèrement. Une tentation à laquelle il est dur de résister ? L'euphémisme de l'année. Alors qu'il collait son front au mien et que je sentis son souffle chaud caresser mon visage, je retins ma respiration. « Tu es déjà dans une relation avec ton petit copain et à la fois dans un lien qui te dépasses, l’histoire va être compliquée… » C'est alors que ses lèvres vinrent chercher les miennes. Je n'aurais jamais pu imaginer à quel point elles m'avaient manquée. Mêlant mes doigts aux siens, je prolongeais ce baiser intensément, comme si ma vie en dépendait. Je sentis ma tête tourner, mon coeur s'emballer. C'était fou l'effet qu'il me faisait. Puis vint le moment où nos lèvres se détachèrent, avec beaucoup de mal. Je pris quelques secondes à reprendre mes esprits, mais restais aussi près d'Abel que possible. « Tout semble si facile quand tu es là... » murmurais-je, essoufflée. C'était vrai. Quand je sentais sa présence, Sloan et le reste du monde disparaissaient. C'était juste lui et moi. Un rêve impossible d'accès. « Je ne sais pas quelles seront les conséquences... Mais je sais une chose, c'est que je ne pourrais pas faire semblant. » Je me reculais légèrement afin de plonger mon regard dans le sien. Je soupirais profondément et me tournais sur le côté, avançant de quelques pas en direction de l'eau avant de prendre place sur l'étendue de sable, ramenant mes genoux vers ma poitrine, les entourant de mes bras, laissant le vent s'emparer de mon visage. Combien de fois avais-je pensé à rompre avec Sloan. Mais ça n'aurait servi à rien. Jamais je n'aurais dû retrouver Abel. Il devait appartenir au passé, et voilà qu'il était là de nouveau. Je baissais légèrement la tête sur le côté, sentant la présence d'Abel derrière moi.