« Merde, merde, merde. » Alors que je faisais les cent pas, une légère panique s’empara de moi ; Je ne savais ce qu’il se passait mis à part que cela m’était très désagréable. Prenant place sur mon lit, mon regard parcourut la chambre ; Les coquillages, ramassés la veille, étaient soigneusement mis en valeur sur ma large commode. D’autres étaient suspendus au mur. Les vêtements, correctement rangés à mes yeux, ne léchaient le sol. En quoi devais-je ressentir cette impression si mauvaise ? Échappant un long soupir et me levant, je pris un masque et un tuba. Avec délicatesse, mon matériel finit par être dans mon sac. Avant de quitter la pièce, ma paire de palmes se retrouva autour de ma nuque ; Celles-ci étaient liées par une large ficelle. Peut-être qu’en faisant un tour du côté de la plage, je retrouverai mon calme naturel. Soit-dit en passant, cela n’était qu’un vulgaire mensonge. Me l’ayant suffisamment répété, je n’ai jamais été une personne paisible, sereine. Que dire de plus lorsque, la plupart du temps, on est contredit ? Mes yeux clairs se posant sur le vieillard assis à la table, un sourire flottait sur mon visage angélique. Quelques pas et mes lèvres se déposèrent sur sa joue. Grand-père avait toujours gardé ce regard tendre. Un regard que j’appréciais énormément ; Il était l’une des seules personnes avec qui je me sentais réellement bien, à qui je pouvais me confier. Finissant par remarquer ma nervosité, il me conseilla de voir mon frère, Kai. Regardant autour de moi, je remarquais qu’il n’était pas à la maison. Posant un doigt sur sa bouche, je compris que je devais cesser. « Je te sens désorientée, ma fille. Va rejoindre ton frère ; Il me semble qu’il s’est éloigné vers la forêt. N’oublie pas que le bonheur est né jumeau. Pour connaitre la joie, il faut partager. » Arquant un sourcil, ma tête se penchait sur le côté. « Je ne comprends pas pourquoi tu dis ça, Grand-père. » Faisant un signe de la main, je compris que je l’embêtais. Notre ancêtre était plongé dans une longue lecture ; Instinctivement, j’essayais de me convaincre que sa phrase philosophique venait de là. Secouant la tête, ma main se posait sur son épaule, lui prévenant que ma petite personne quittait le domaine familial pour un bref instant. Me dirigeant vers la sortie, qu’est-ce que j’avais à perdre en passant par la forêt ?

Les minutes passaient, la chaleur réchauffait paisiblement la peau. Plus le temps suivait son cours, moins j’avais l’envie de partir à la recherche de mon jumeau. Pourquoi serait-il allé aussi loin ? Échappant un soupir, je n’avais la moindre idée. Désespoir, impassibilité. Par politesse, ma main se leva à la vue de certains passants. Il m’était amusant de me dire que je connaissais la plupart des habitants, sur l’île. Ne l’ayant quittée, je la considérais comme mon monde, comme ma propre poche. Oahu entière était ma maison, mes plus grands secrets. Ramenant mes bras contre moi, je pris le chemin menant à la forêt.

L’obscurité s’emparait des lieux où je me trouvais. Affichant un sourire nerveux, la panique - s’étant volatilisée - me jouait de nouveaux tours. Posant mes mains sur les palmes, je criais à plusieurs reprises le nom de mon frère. Rien. Solitude, angoisse. Dans une course folle, j’essayais de me frayer un chemin entre les nombreux arbres, ne passant pas dans les chemins recommandés. Je regrettais le fait de ne pas avoir mis de chaussures, sentant une douleur au niveau de mes pieds. Quelques minutes d’efforts, ma raison finit par me conseiller de m’arrêter un court instant. Me penchant et posant les mains sur mes cuisses, je respirais l’odeur de la nature à pleins poumons jusqu’à ce qu’un bruit vint à m’interrompre. Levant la tête, un homme était suspendu aux branches. Levant un sourcil, il avait la tête en bas, le pied accroché. Un rire fort et malicieux s’échappait de ma bouche en me rendant compte qu’il s’agissait de mon frère. Quel pitre ! M‘approchant de quelques pas, mon regard se posait sur lui. J‘avais eu peur. « On ne pouvait pas rêver mieux. » Un énième rire paraissant des plus angéliques. Ne me souciant de son cas, je posais la paire de palmes à terre ainsi que mon sac. « Je te cherchais, pauvre idiot. » Levant la tête, je l’observais. Exaspérée par la situation, un bref soupir s‘échappait de ma bouche. « La scène en elle-même est énorme, Kai. » Posant mes mains sur mes hanches, c’était mon dernier mot. « Ne compte pas sur moi pour t’aider. »