« Abel tu pourrais au moins faire l’effort d’être honnête envers toi-même ! ». Lui avait reprochée sa sœur d’une voix réprobatrice et excédée par le comportement de son ainé. Ce dernier à moitié allongé sur le canapé s’adonnait à lire un énième livre, sous l’œillade courroucé de la blonde. Légèrement appuyée contre la chambranle de la porte du salon, Bridget croisa les bras sur sa poitrine, figea son attention sur Abel en attendant qu’il daigne bien relever en lui répondant quelques choses. Une minute, puis deux, puis trois. Elle s’avança jusqu’au fauteuil le plus proche, saisit un coussin et lui envoya en plein visage. Dès lors, la cible attendu fut touché. L’étudiant soupira de surprise à son tour, lâcha son bouquin tout en répliquant avec une légère touche de colère dans la voix. « Bridget, arrête maintenant. J’ai entendu ce que tu as dis mais je n’ai rien à ajouter, elle sort avec un autre mec qui est aussi un ami. Inutile de rendre les choses plus compliquées qu’elles ne le sont, la vie l’est déjà assez comme ça. ». Il se redressa au bord du fauteuil en cuir noir, peu enclin à poursuivre une conversation sur le sujet avec sa petite sœur. Bien entendu Bee ne comptait pas en rester là, mais il n’avait guère envie d’entendre encore sa frangine lui dire combien il serait sympa de parler avec Kat ou Kelsey de son véritable prénom. Depuis qu’il avait reconnu la belle blonde, les souvenirs ne faisaient que se dresser contre lui et peser sur lui comme le ferait une épée de Damoclès. Il passa une main dans sa tignasse légèrement en bataille, et se dirigea dans la cuisine, son interlocutrice sur les talons. Abel ouvrit le réfrigérateur et en tira une bouteille d’eau puis ferma le frigo d’un revers de main. « Je sais tout ça, il n’en reste pas moins que tu es mon frère, et que je m’inquiète pour toi. ». Le Weiss-Canterbury but quelques gorgées d’eau, puis esquissa un sourire sur ses lèvres moqueuses rien de méchant néanmoins. Il s’apprêtait à répliquer mais son cellulaire vint interrompre son attention. Dès lors, il quitta la pièce sur l’expression lunatique de la cadette de la fratrie. « Je n’ai pas encore dis mon dernier mot avec vous deux. ». Ce fut autour de la blonde espiègle de rire de manière tout à fait maligne avant de tourner les talons.